Il se pose à partir d’un questionnaire rempli par les parents et un autre rempli par l’enseignant. Cependant, le seul questionnaire n’est pas suffisant, un bilan cognitif s’impose. Pourquoi ?
Quel est l'intérêt des tests neuropsychologiques pour le diagnostic du TDAH?
Actuellement, le diagnostic du TDAH repose uniquement sur l'observation du comportement par les parents et par l'enseignant. Il s'agit donc de critères purement subjectifs sur l'aspect "inapproprié" du comportement de l'enfant. Le diagnostic peut dès lors être fortement influencé par les perspectives subjectives des parents et de l'enseignant, par le type d'échelle choisie (il a été montré que le choix de réponse à un QCM peut varier en fonction du nombre de réponses possibles et bien sûr en fonction de la forme des questions) et par la manière dont la personne en charge du diagnostic agrège ensemble toutes les informations qui lui sont fournies.
L'idéal serait donc qu'il existe un test neuropsychologique de dépistage du TDAH.
Pourquoi n'existe-t-il pas de test neuropsychologique de diagnostic du TDAH?
Les critères de comportement qui définissent le TDAH dans le DSM IV ne correspondent pas au fonctionnement cérébral. En effet, la perspective du DSM IV est une perspective médicale pour laquelle 1 maladie correspond à 1 seule cause identifiable et génère un ensemble de symptômes. Des recherches récentes ont montré que ce modèle ne pouvait pas s'appliquer au cerveau (que ce soit pour le TDAH ou pour d'autres troubles mentaux tels que l'autisme). Ainsi, la notion de spécialisation fonctionnelle qui prévalait depuis le début des études sur le cerveau, c'est-à-dire l'idée qu'une zone cérébrale correspond à un comportement donné (figure 1), a été abandonnée au profit d'un modèle explicatif distribué (figure 2). En effet, aucune région cérébrale ne fonctionne de façon isolée. L'architecture du cerveau est au contraire caractérisée par une interaction permanente et profonde des différentes zones. Ce modèle distribué permet d’expliquer qu’un comportement peut faire appel à différentes régions cérébrales. Inversement, ces dernières interviennent dans différents types de comportement.
Ainsi, le TDAH peut résulter de différents dysfonctionnements cérébraux dans différentes régions interconnectées. Ce modèle distribué est intéressant car il permet également d’expliquer l'hétérogénéité des symptômes de TDAH : en effet, il existe très peu de TDAH « pur » car c’est un trouble avec de très fréquentes comorbidités (c'est-à-dire d'autres troubles associés). Par exemple, le TDAH peut s’accompagner d’un autre trouble des apprentissages (dyslexie, dyspraxie, dysphasie), d’anxiété, de dépression, de trouble d’opposition, troubles du sommeil, etc. Une étude montre que 87% des enfants souffrant de TDAH présentent au moins une comorbidité.


Credits : adaptation de "Principaux lobes du cerveau. Vue latérale gauche. Figure 728 du Gray's Anatomy"
Le TDAH chez un individu donné résulte donc d'un dysfonctionnement dans une ou plusieurs régions cérébrales distinctes, survenant à la suite de différentes causes dont chacune donne lieu à une constellation similaire de symptômes du TDAH.
Il n’existe donc pas un seul test psychométrique permettant de diagnostiquer directement le TDAH.
Credits : image sous license Creative Commons de Ars Electronica
Alors à quoi servent les tests neuropsychologiques dans le TDAH?
Il existe des tests permettant d’évaluer le fonctionnement de tel ou tel processus cognitif. A partir d’un ensemble de tests, on peut donc établir un profil de ce qui fonctionne correctement et des fonctions défaillantes. Non seulement, ce profil vient objectiver le diagnostic posé à partir d’un questionnaire parents/enseignants, mais il donne également des indications précieuses pour la prise en charge, sur les fonctions cognitives à cibler. La recherche actuelle s'oriente vers la mise au point de tests neuropsychologiques plus pointus permettant de discriminer plus finement les processus cognitifs.
Dans un prochain article, je vous parlerai des causes du TDAH.
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